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LES ILLUSIONISTES DES ILLUSIONS PERDUES
Folle Amérique
Tu as cru refaire le monde à ton image, à l'image que tu avais dans la tête
Mais le réel résiste
Il ne te résiste pas, tu l'as sous ta domination
Il résiste, car tu n'es à ta place nulle part
Les USA sont un marais
Où se perdent les rêves des enfants endormis
Hollywood les a sous sa coupe,
Mais ce n'est plus qu'un peuple de zombies qui se traîne
Sous la menace atomique qui s'est abattue à deux reprises sur le Japon
70 ans après nous en sommes toujours là
Pourquoi lire de la poésie si tu ne crois pas la parole qui s'y inscrit ?
Peuple de zombie vous êtes, mes petits agneaux
Malgré toutes vos techniques pour vivre vieux
Pourquoi des zombies ne vivraient ils pas vieux ?
La poésie indique l'autre bord de la vie,
Tend des bras de mots éperdus
Vers la vraie vie, l'absente
La poésie est un savoir,
Intuitif
Comme au coin du bois, à la croisée des chemins,
L'on pressent les bandits dans l'ombre
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SOUVENIR
C'est un cri dans le jour, c'est un cri dans le jour
Où l'on ne voit plus rien
Que de l'argent qui s'entasse, toujours du même côté
Les pauvres peuvent bien s'échiner à travailler il leur échappe
Et toi tu as ta vie, et voudrait la vivre comme il se doit,
A fond,
Mais les murs de la ville t'enserre
Mais les mœurs dures te limitent
Il n'y a qu'un pas entre le génie qui se vit dans les vapeurs de l'alcool
Le génie qui crée la vie toujours neuve
Et la défaite de la déprime toujours assez puissante
Pour te faire regretter tes moments d'extase et qui finira par te faire te ranger
Instantané d'une époque maudite
Un poème qui n'a pas de lieu
Parle à la génération future de ce qui aurait du avoir lieu
De ce qui n'a pas eu lieu
De ce qui hantera nos mémoires humaines jusqu'à la fin de notre espèce
Puisse les astres t'accorder secours dans ta dérive folle
Ô toi qui m'ouvrit les portes du paysage
Et les oiseaux manger ta main forte
Mais les rideaux de la scène se sont refermés
Et maintenant ne reste plus qu'un souvenir pour venir troubler
De ses rides le lac impassible de l'éternité
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LA RONDE DE LA VIE
Un instant
Se découvrit la splendeur de la vie, de l’Être
Il était magnificence et extase pour ceux qui le contemplait
La vie était heureuse et chaque jour apportait son radeau de nouvelles questions, de nouvelles réponses
Qui tombaient sur nous comme des plumes chargées de sens
Mais
Un éclair a lui à l'horizon
C'était l'éclair de la révolution aperçu dans la démence, dans la vie trop sûre d'elle-même,
Dans la vie qui n'hésite pas, et tout s'écroula
Il ne reste ensuite que des animaux blessés et qui mordent
Quand le rond de l'amour ne vient plus parachever les relations, calmer les impulsions, éteindre en rires les discordes nécessaires
Comment trouver les bons amis,
Et l'amour d'une vie ?
Quand l'esprit est en proie à la cupidité et à la jalousie ?
Dans les temps de malheur qui suive la rupture,
On est prêt à croire n'importe quoi
Et on se tourmente en cercle vicieux
Mais la vie reprend ensuite,
Et on passe dans un autre cercle, une autre naviguation
Sera-t-elle plus heureuse on peut l'espérer
Si l'on a un peu appris du désastre précédent.
De toutes façons la vie c'est voguer,
En petite barque, sur un océan parfois calme, parfois violent et rude...
Donc confiance en la magie de l'existence
Et foi en ses ressources impensables
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ADOLESCENTS SOUS LE SOLEIL
Ils filent comme les vagues et les nuages
Dans le vent violent
Les souvenirs de notre belle époque
Kerouac, Burroughs et Ginsberg nous montraient la voie
Celle des grands espaces de la vie et de la pensée
On commémorait nos amitiés
A l'ombre du haschisch
Le ciel s'ouvrait pour nous,
Et la terre nous portait
Dans la forêt du lycée de mon adolescence
Nous ne savions pas grand'chose de la vie
Et je ne sais pas si nous avons appris grand'chose de nous-mêmes
Mais le soleil brillait sur toutes ces scènes répétitives
Dans les bâtiments neufs
Les professeurs nous enseignaient la grammaire, la correcte façon de dire
Et la philosophie républicaine, la correcte façon de penser
Que nous nous empressions d'oublier
A l'ombre des buissons sauvages, et dans les soirées pleine d'alcool et de THC
Dans les bras de quelqu'un qu'on ne connaissait pas tellement
Comme on ne se connaissait pas tellement soi-même
Malgré les attitudes viriles et féminines empruntées sans doute aux adultes
Tout cela était encore empreint d'innocence
C'était de belles années de vie même si souvent on y étouffait d'ennui
Et que s'y préparait la vie adulte conventionnelle, professionnelle
Moi qui suis resté un clochard du Dharma, je n'ai pas à les renier,
Ces années d'adolescence dressées sous le soleil,
Comme pour tout le monde pour moi elles restent éternelles
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POUR LES VICTIMES DU 13 NOVEMBRE 2015
Ce n'est pas ce pauvre drapeau qui nous sauvera
De la terreur qui frappe n'importe comment
Pouvant enlever la vie si chèrement acquise
Par tant de sacrifices
Ce n'est pas ce pauvre hymne
Qui en finira avec les fanatismes
Et cette équipe de football
N'est que le masque qui cache la misère de la France
On a dit aux moutons
Il s'est passé quelque chose d'affreux
Ce qui est vrai
Tu t'en sortiras en chantant l'hymne et en saluant le drapeau
Ce qui est faux
Malgré l horreur l'horreur continue
De ces publicités qui veulent nous mettre au travail
Pour le néant qu'elles promeuvent
Et les morts s'entassent sur les morts
Et la vie continue d'être survécue au lieu d'être vécue
Quel publicitaire a stoppé ses activités pour une heure en solidarité pour les victimes des attentats d'hier soir?
Quelle banque, quelle usine a fermée ses portes ce samedi?
Aucune
Leur solidarité est de façade
Le peuple reçoit les coups et on le berne
Avec un pauvre drapeau et une pauvre marseillaise
Allons zenfants jouez avec vos pauvres hochets
Ils ont fait leurs preuves en manipulation
Et si vous ne vous libérez pas du joug de ceux qui vous les donnent, a la place de la véritable liberté et de la véritable fraternité
Toutes ces horreurs recommenceront toujours, vous le savez bien au fond de vos cœurs
C'est la triste vérité
Les hommes se battent pour leur esclavage comme s'il s'agissait de leur liberté (Spinoza)
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LA SIGNIFICATION DE CE DRAPEAU
Bleu comme la mer qui fait les livres et les amants heureux
Blanc comme la mort selon les chinois
Rouge comme le sang des résistants au colonialisme que ton armée a défendu
France !
Ta liberté, c'est aujourd'hui la liberté d'entreprendre, la pire des libertés, celle qui écrase toutes les autres sous son joug
Ton égalité, c'est l'égalité devant la loi bourgeoise, combien de fois faudrait-il le répéter, la loi bourgeoise qui donne toujours raison à celui qui possède au détriment de celui qui est exploité
Ta fraternité est inexistante, tu passes dans les rues sans accorder d'amour à ceux que tu y croises
Ce sont des principes vides, et ceux qui se reconnaissent dans ce drapeau qui a servit à couvrir les pires exactions
Ne masquent que leur impuissance à se rebeller en pensée, donc en actes aussi
Ton drapeau, c'est l'équipe de France
Des millionnaires qui frappent dans un ballon
Pour abrutir des peuples
Qui ne sont pas une nation
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PARIS
Paris ce n'est pas la France
Votre idée de Paris c'est de toujours plus la prostituer aux publicitaires et aux promoteurs
Avec ce palais de l’Élysée palais de la honte
Qui voit passer les pires dictateurs acheteurs d'armes
Et terrorisant les populations dont ils se croient les propriétaires
Pas de nom de pays, on risquerait d'en oublier
Notre idée de Paris c'est la fête et la révolution
Souvenirs de la Commune et de Mai
Qui hantent toujours ses rues
Quand les étudiants ne se contentent pas de rupiner un diplôme
De pointer aux amphis
Quand ils font de la philosophie, des arts et des sciences
Et non du droit et du commerce
Et qu'ils tentent de préparer maladroitement en leur cœurs les vrais actes courageux nécessaires
Qui peuvent déboucher sur un futur qui ne soit pas de résignation devant le destin capitaliste
Paris meurtri un jour de novembre
Se fout de vos drapeaux et de vos hymnes
De votre obséquiosité devant l'argent et le pouvoir
Paris reste toujours Paris
Mais malgré vous
Vous voulez en faire une cité sage comme une image d’Épinal
La proie des touristes qui y fantasme l' « amour français » en dépensant du fric
Alors que tout ce qui est amoureux à Paris vit dans l'indigence
Alors que les amoureux à Paris sont comme des oiseaux venus d'ailleurs portés par les vents