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27 mars 2017 1 27 /03 /mars /2017 14:12

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On écrit à partir de son propre désert, à partir d’un dépouillement absolu. On n’est plus soi-même, parce que l’on a honte de soi-même. « La honte d’être un homme » disait Deleuze. On a pactisé avec la connerie ambiante, malgré soi, et c’est pour cette raison qu’on écrit, pour s’en dégager enfin. L’écriture comme rédemption, comme tâche de dépersonnalisation, et non comme récit de sa vie, et non comme : « j’assume ce que je suis ». Il ne faut pas assumer ce que l’on est, aujourd’hui, et c’est pourtant le dernier mot de toute psychologie d’entretien.

 

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Un mot c’est toujours le mot de trop, trahissant l’inconscient, et la fraternité humaine virtuelle. Le Kapital, comme l’écrit Debord, s’est aliéné toute relation sociale. « Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation » (La société du spectacle, 1). Le déprimé a l’impression que les non-déprimés vivent dans un rêve, et c’est bien le cas. C’est pour sortir de ce rêve que l’on écrit. La possibilité d’une transformation radicale donc réelle de la vie en société s’est évanouie et nous assistons impuissants au cours des évènements toujours plus bêtes qui adviennent. La guerre, c’est bête, c’est de la bêtise actualisée, tout le monde le sait, pas besoin de connaître Prévert (« Quelle connerie la guerre »), la politique représentative aussi est imbécillité : au fond de soi tout le monde le sait, et c’est pourquoi la guerre et la politique représentative donne lieu à tant d’outrances langagières et en acte : il faut se prouver à soi-même la non-imbécilité de la guerre et de la politique représentative, ce à quoi on n’arrive jamais. L’être humain éthique est celui qui ne se compromet pas, donc il n’a aucun poids dans la société spectaculaire, puisque cette société ne repose sur rien que la valeur qui dissout toute qualité en quantité : l’argent.

 

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Le travail lui aussi est imbécile : imbécile le fait de se lever trop tôt, de se coucher trop tard (parce qu’après le travail salarié il faut s’informer (médias) ). Imbécile le travail, imbéciles les loisirs. On fabrique des marchandises qui n’aident personne à être heureux, on enseigne des connaissances qui pour la plupart n’ont d’intérêt que dans l’optique de l’État, dans une optique de dressage des populations. On éduque des êtres vivants pour en faire des consommateurs – travailleurs. Là se lit ce qui fait la nullité de nos vies, autant dans la rencontre avec soi-même qu’avec les autres. Une humanité châtrée de sa créativité, voilà ce que nous vivons : l’ennui progresse.

 

ligne de fuite

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